La Manufacture CDCN La Rochelle: saison 24/25

Emergence et fidélité au coeur de la saison 24/25 de La Manufacture rochelaise

La programmation rochelaise de La Manufacture CDCN Nouvelle-Aquitaine, pensée par Stéphan Lauret et Lise Saladain, est ici présentée par Charlotte Audigier et Clémence Sonnard. Entre fidélités artistiques et projets émergents, la saison 24/25 met en lumière des artistes associés au territoire – comme Anne Nguyen – et réinvite des œuvres accompagnées en création. Dans un équilibre entre continuité et découverte, l’accent est mis sur l’accompagnement de jeunes talents, pour offrir au public une vision foisonnante de la danse contemporaine actuelle.

Des premiers regards sur l’émergence

Ce(ux) qui reste(nt) de la compagnie Inéluctable : Nous accueillons l’artiste Marius Fouilland dans le cadre du dispositif StudioD émergence, piloté par l’Atelier de Paris CDCN qui facilite les mises en lien entre les jeunes compagnies et les lieux de résidence. Après SOI(E), qui auscultait en duo et en temps réel une relation amoureuse, la pièce en cours de création Ce(ux) qui reste(nt) revient sur la disparition brutale, à l’âge de 16 ans, de sa camarade de lycée-cirque et partenaire de mât chinois. Ce(ux) qui reste(nt) est un duo avec un mannequin à taille humaine où se joue tout un travail de poids et contrepoids, de portées et de danse acrobatique. Marius partagera ses questionnements: Comment inviter les morts sur le plateau ? Comment parvenir à leur faire une place ? Qu’est-ce qu’il nous reste d’un corps disparu ? Avec un accompagnement dramaturgique d’Aurélien Bory et un regard extérieur sur le mouvement par Sylvère Lamotte. »

Mother Tongue de Lucía García Pullés : « Cette jeune chorégraphe argentine au riche passé d’interprète (Mathilde Monnier, Volmir Cordeiro, Marcela Santander) est à un endroit de la performance très physique où le corps est fortement impliqué. Mother Tongue, son premier projet est un solo autofictionnel. Elle y parle à la fois d’elle en tant qu’artiste portègne qui vit en France questionnant les rapports entre le Nord et le Sud tout comme y aborde la place de la femme dans la société. Mother Tongue parle aussi de la langue maternelle, de la langue comme organe. Ici, Lucia développe tout un travail performatif autour de la voix tel un espace de résonance entre l’intérieur et l’extérieur. D’ailleurs Mother Tongue est également une création sonore immersive autour de la voix enregistrée de l’artiste. Il y a l’idée d’un duo entre la chorégraphe et le son, de l’exploration de la question de la langue, du déracinement où le visage sera fortement impliqué à la fois modelé, défiguré par les grimaces et distorsion de bouche.
A noter que Lucía proposera un atelier autour de la danse et de l’écriture le jeudi 12 décembre de 18h30 à 20h30 à La Manufacture CDCN. »

GUEST de Noémie Cordier : « Durant son apprentissage, Noémie a pratiqué une importante variété de styles (capoeira, breakdance, danse contemporaine, africaine, claquette). A l’heure de composer sa première pièce se posent alors pour elle toutes ces questions : comment, à partir de cette variété de styles, composer une danse personnelle ? Comment conjuguer dans un solo l’ADN de ces cultures collectives ? Noémie est très impliquée dans le milieu de la house dance dans le Grand Est ; elle est par ailleurs chercheuse sur ce thème auprès du CN D. GUEST est une invitation à plonger dans les danses sociales urbaines ; elle questionne aussi la trace que laisse l’héritage, la transmission en faisant appel notamment à la mémoire des pionniers qu’elle a fréquentés. Sur cette création, elle invitera le public à danser et d’ailleurs lors de sa résidence à La Rochelle, le public sera mis à contribution mais nous n’en dirons pas plus. »

La diffusion à La Manufacture CDCN · La Rochelle

Tamanegi – in situ d’Ikue Nakagawa: « Nous accueillons cette jeune artiste pour une performance – rencontre. Elle a été sélectionnée par le réseau des petites scènes lors de La Grande Scène 2023. Ikue a suivi la formation Extensions à Toulouse, a notamment travaillé avec le metteur en scène Pascal Rambert. Chacun de ses projets chorégraphiques tire son origine du dessin. Elle dessine ce qu’elle ressent dans sa vie quotidienne en tant que mère, épouse, femme et individu. Depuis son premier solo NAKAMI, c’est ainsi le médium d’expression qu’elle privilégie pour avoir accès à ses mondes intérieurs et amorcer la création : à la fois support de création, script, partition ou portfolio, les dessins l’aide à traverser les strates du mille-feuilles dont elle est composée, et à s’émanciper des limites des corps représentés ou dansés. Dans Tamanegi, elle travaille sur la famille et ces différents membres. A La Rochelle l’artiste présentera une version créée in situ pour La Manufacture CDCN ; la pièce abordera le lien entre une mère et son enfant. Nous présenterons aussi son travail en tant qu’illustratrice. »

Les fidélités au cœur de l’accompagnement d’artistes, à La Manufacture CDCN · La Rochelle

Anne Nguyen sera présente plusieurs fois sur le territoire, d’abord en résidence puis en diffusion avec sa pièce [Superstrat[. Elle était également présente pour la présentation de saison pour partager sa démarche artistique et notamment présenter Underdogs city.

PRAXIS #23 avec La Tierce + Pol Pi + Senem Gökçe Oğultekin : « La Tierce revient cette année avec le Praxis, une forme ouverte qui invite à la curiosité et au lâcher-prise. Cet espace est conçu pour accueillir des ébauches, des premiers jets, des tentatives en devenir. Ici, il ne s’agit pas de présenter un propos défini, mais plutôt d’explorer et de revisiter ce qui a été traversé au cours de la semaine. Pour les artistes, c’est une opportunité unique de créer au sein d’un espace-temps inédit de rencontre et de partage entre pairs. Ces moments permettent une véritable émulation artistique, où chacun peut expérimenter sans contrainte ni logique de production.
De cet échange est d’ailleurs née La Contreclé, une création qui puise son inspiration dans les échanges et les discussions lors du Praxis #22 avec la chorégraphe Mathilde Bonicel et le metteur en scène Antoine Cegarra. La Tierce revient là avec des idées neuves, enrichies par des touches de poésie, d’humour et de mystère, voire de magie. La démarche poétique est toujours présente, mais elle s’associe désormais à un univers plus ludique et énigmatique, un thème abordé lors d’un précédent Praxis et réexploré aujourd’hui. »

Eloge du déménagement de la compagnie Adéquate, en co-diffusion avec Sur Le Pont · CNAREP en Nouvelle-Aquitaine, dans le cadre de Fêtes le Pont. C’est une compagnie que nous avons eu le plaisir d’accueillir en résidence la saison dernière, dans le cadre du compagnonnage itinérant, dispositif né en réponse à la crise Covid, qui a permis de soutenir et de renforcer les liens avec les artistes en période d’incertitude.
La pièce prend vie dans l’espace public, où la rue et les balcons deviennent la scène d’un dialogue poétique et visuel. À travers des jeux avec des cartons, le spectacle explore les questions du déplacement : un mouvement qui peut être aussi bien dansé que géographique, émotionnel, choisi ou subi, et qui évoque l’expérience d’un déménagement. Par Avec ce dernier rendez-vous de la saison à La Rochelle, nous souhaitons offrir au public une expérience artistique immersive, ancrée dans la réalité tout en s’ouvrant à l’imaginaire. »

POUCE, le festival danse pour les jeunes jeune public en Charente-Maritime Nouvelle-Aquitaine

« Du 5 au 15 février, les pièces chorégraphiques à l’adresse du jeune public circuleront intensément entre la Gironde et la Charente-Maritime avec 10 spectacles et de nombreuses représentations. Ce programme dense inclut également des rencontres professionnelles et publiques, créant un véritable carrefour artistique et culturel.

En Charente-Maritime, la première rencontre aura lieu à La Maline, avec Marion Carriau, artiste associée de La Maison CDCN d’Uzès. Elle y présentera Je suis tous les dieux une œuvre profondément onirique qui marie sa pratique du bharata natyam à la danse contemporaine. La pièce, élaborée par des gestes expressifs et une musique de samples produits en direct, est sublimée par une scénographie délicate où les miroirs apportent une dimension poétique et immersive.

Autre temps fort : Rites de Passage de Sylvie Balestra. Chorégraphe et anthropologue, Sylvie aime s’immerger dans des contextes spécifiques pour nourrir sa réflexion artistique. Cette fois, elle s’intéresse aux rites de passage, et plus précisément aux transformations de l’adolescence. Ce projet a vu le jour après une immersion dans un centre éducatif fermé (CEF), où elle a échangé sa pratique de la danse contre celle du dribble, un partage de savoir-faire avec les jeunes. Rites de Passage, solo interprété par Janice Belieu (danseuse pour Anne Nguyen), met en scène un dispositif circulaire et direct où le dialogue entre le plateau et le public est simple et immédiat. Le travail autour des vêtements – éléments emblématiques de l’adolescence et de ses mutations – ajoute une dimension symbolique à la pièce.

Enfin, Amala Dianor proposera sa première pièce jeune public avec Coquilles. Sur scène, une rencontre fascinante entre musique classique européenne et sonorités africaines accompagne deux interprètes virtuoses – l’un·e issu·e du hip-hop, l’autre du classique – qui fusionnent leurs énergies pour dépasser les cadres de leurs disciplines respectives. Cette œuvre marque une sortie de zone de confort pour Amala, qui adresse Coquilles aux tout petits avec une délicatesse nouvelle. La pièce, commandée par le réseau Loop et portée par Le Gymnase CDCN Roubaix – Hauts-de-France, témoigne d’un dialogue entre les cultures et invite les jeunes spectateurs à découvrir un langage chorégraphique inédit. »

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Propos recueillis par Cédric Chaory
Tamanegi d’Ikue Nakagawa ©Nine Louvel