Dance is a dirty job but somebody’s got to do it
La disparition de Michael Jackson, tout comme celle de feu Pina Bausch et Merce Cunningham, ne cesse d’inspirer nos chorégraphes. Danseur d’exception, musicien hors-pair, freak flambloyant, Bambi est un objet d’études chorégraphiques sans fin.
Alors que Raphaëlle Delaunay s’apprête à tourner dans les théâtres son Eikon, entièrement dévolu au King of Pop, un objet scénique non identifié au titre catchy déboule au Théâtre de la Ville : Dance is a dirty job but somebody’s got to do it du metteur en scène Scali Delpeyrat est une implacable machine à rire. En convoquant Janet et Michaël, Fred et Adèle Astaire, cette comédie musicale hybride disserte sur l’art de danser… ou pas.
Scali, placide maître de cérémonie et Elisabeth Mazev à la voix d’or nous expliquent avec force démonstrations incongrues que, dans la vie, il y a ceux qui dansent, ceux qui ne dansent plus, ceux qui dansent ou pas avec leur sœur, voire même avec leur chien. Forcément ça part en vrille et en éclat de rires, surtout quand un écran laisse défiler des images d’obé-rythmée, pathétique discipline de dog-dancing.
En filigrane des situations abracadabrantesques, l’auteur aborde des sujets bien plus sérieux qu’un labrador exécutant un pas de deux avec mamie. Quelle place pour l’artiste dans la société ? pour la différence ? pour le corps qui danse ou pas ? Il y a un peu de Jean-Michel Ribes, de Tati, de Makeieff-Deschamps, un peu de cette poésie burlesque qui mêle le geste juste et parodique, le bon mot qui claque et des bribes de mélodie du bonheur.
Bonheur donc que de découvrir ce Prix du public du concours Danse élargie 2011, pensé et organisé par Boris Charmatz et le Théâtre de la Ville. Une danse très élargie qui laisse peu de place au mouvement si ce n’est une furtive et sexuée description de quelques danses de salons. Une pièce loufoque menée par une bande de doux-dingues promise à un joli succès.
Cédric CHAORY, Théâtre des Abbesses Paris (Septembre 2011)
©Agathe Poupeney