MARTYRE de Malika Djardi

MARTYRE de Malika Djardi, une création qui tisse l'intime et l'universel

 

Le 11 mars 2025, le Festival Artdanthé accueillera MARTYRE, création 2024 de Malika Djardi, présentée en collaboration avec le Théâtre de Vanves.

Dix ans après Sa prière, qui explorait la conversion de sa mère à l’islam, Malika Djardi revient à la forme du solo-documentaire avec une œuvre intime et bouleversante. MARTYRE prend pour point de départ la figure de Marie-Bernadette Philippon, la mère de la chorégraphe, aujourd’hui atteinte de la maladie d’Alzheimer.

Une danse comme langage

Dans cette création 2024, Malika Djardi observe avec tendresse et acuité comment la maladie a transformé sa mère en une danseuse d’un genre nouveau. Jamais auparavant Marie-Bernadette n’avait pratiqué la danse, mais sa gestuelle s’est imposée, naturelle et non codifiée. Ces mouvements spontanés, ces fragments de danses nées du présent, révèlent une forme de langage à travers lequel s’expriment le corps contraint et les émotions enfouies.

Un dialogue chorégraphique mère-fille

MARTYRE tisse un dialogue profond et bienveillant entre la chorégraphe et sa mère. Ce face-à-face, fait de gestes, de souvenirs et d’anecdotes, interroge la transmission des mouvements, la persistance des mémoires communes et singulières. Malika Djardi puise dans ce matériau intime pour composer un récit chorégraphique, textuel, rythmique et visuel.
Ce dialogue nous fait voyager à travers les espaces : du privé au public, du contraint à l’infiniment grand, de l’intime au monde. À travers cette exploration, MARTYRE questionne les éléments qui structurent une vie : quels gestes transmettons-nous, et d’où viennent-ils ?

Entre réflexion et ritournelles

La création s’inscrit également dans une réflexion sur l’apprentissage et la mémoire des danses. Alternant entre danses sociales, ritournelles populaires et une playlist éclectique, Malika Djardi invite le public à une expérience collective et immersive. Chaque séquence, qu’elle soit dansée ou filmée, fait écho à nos luttes vitales, nos fragilités et nos illusions.
En résonance avec les moments de grâce partagés entre la chorégraphe et sa mère, la pièce tend à transcender l’intime pour atteindre l’universel. Au cœur de cette œuvre, la relation mère-fille devient une métaphore des liens qui nous unissent et des souvenirs qui nous structurent. Une belle exploration sensible et profonde des gestes, des mémoires et des parcours qui font de nous ce que nous sommes. 

©Vicky Garnier