La bonne surprise des Étés de la danse
Une réception d’un saut de Jeanette Delgano qui se solde par une chute, puis quelques minutes plus tard des pirouettes mal assurées de Renato Penteado auront suffi à jeter un léger froid dans l’assistance qui se délectait jusqu’alors du programme du Miami City Ballet ce mardi 12 juillet 2011.
Pour sa première venue à Paris à l’occasion des Étés de la Danse, la jeune compagnie américaine a, en à peine une semaine, remporté l’adhésion des balletomanes. Cette petite quarantaine de danseurs de haut niveau dirigée par Edward Villella, superbe interprète du New York City Ballet période Balanchine, n’a pas failli à sa réputation. Les artistes maîtrisent sur le bout des doigts (de pied) l’essence de la danse américaine, celle qui swingue et qui tape. Leur domaine de prédilection : George Balanchine, Jerome Robbins et Twyla Tharp. Rien que cela.
Lors de la sixième représentation, la troupe, accompagnée de l’impeccable Orchestre Prométhée, s’est lancée le défi du mélange des genres : néo-classique, moderne et classique en un seul et même programme. Une recette gagnante qui s’ouvre avec l’exécution du Four Temperaments de Balanchine, chef d’œuvre d’élégance et véritable parangon de l’art balanchinien. Ici la musicalité, le swing, la vélocité et l’allégresse du plus pur néo-classique furent maîtrisés de A à Z par l’étonnante compagnie. Immanquablement un 20/20 !
Le second ballet proposé fit également très forte impression. Signé Paul Taylor, Promethean Fire est inspiré par la catastrophe du 11 septembre, LE drame américain. Sur la thématique du « Renaître de ses cendres », Paul Taylor crée, en 2002, une œuvre aussi sombre qu’haletante fortement imprégnée d’une danse moderne pas toujours de première fraicheur mais là encore l’énergie bouillonnante de la compagnie crée la magie.
Puis la soirée pris un tournant « classique-chantilly » pas très heureux avec Theme and Variations de Balanchine car tranchant trop avec la modernité qui colle à la compagnie néo-classique. Conçu à l’origine pour célébrer la grande période du classique à la Petitpa, Theme and Variations fait résonner du Tchaïkovsky en forme et étale sa construction hiérarchique (pesante) au public. Principal dancers, demi-solistes, et tutti quanti font leur entrée et leur sortie avec force de pirouettes, dents ultra-brite et couronnes étincelantes. So boring ! Et quand les deux principal chancellent, le public retient son souffle. Un semblant de vie apparaît soudainement dans une œuvre mécanique et boursouflée.
Cédric CHAORY, Théâtre du Châtelet Paris (juillet 2011)
©Alexander Iziliaev