La parole est Dianor, Le silence est Amala
« Seulement moi« , dit-il en arrivant d’un pas léger sur scène. Amala Dianor est loin d’être seul. Il est entouré d’une corporéité dense qui multiplie des auras légères comme des brumes autour de Lui. Le dialogue établi avec l’invisible – qui se poursuit depuis toujours dirait-on – nous saisit pour qui sait regarder au-delà des apparences.
La rec-attitude de cet Homme, guide nos pas au coeur d’une morale ancrée dans sa voûte plan-terre. Il parle à tout le Monde, au MOnde, il s’adresse, à la Naissance, à la Mort. Nous n’avions pas de questions, nous sortons des sentiers battus, nous ressortons avec des réponses, si infimes soient-elles. On parle de Danse ici et peu importe la dénomination. A chacun son chemin, sa temporalité.
Il continue le dialogue que nous menons seul-e-s dans nos espaces corporels incongrus. Amala Dianor est invité sur cette Terre, il le sait, comme nous tous. Seulement lui il l’a compris; c’est de cette finitude que naît son désir profond de danse et d’écriture. Son désir d’être là, entier sur le plateau, dans son corps et au-delà de son propre corps. Ne nous trompons pas : la puissance, la virtuosité n’enlèvent en rien la connaissance du langage écrit, c’est un savoir qu’il nous livre-là entre les lignes du plateau.
Ici rien n’est laissé au hasard, les rencontres sont sans fin, avec Soi-même, avec le Public, avec l’Espace. Amala Dianor est un Homme de danse, il le sait, en toute humilité, c’est pour cela qu’il nous incombe de le dire. Il est Homme de danse certes, Magnifique sans aucun doute. Ce rayonnement qu’il maintient à l’intérieur de lui-même, cette danse (rare) des organes, ce contact amoureux avec le sol dévoile de manière ténue mais tenace un voile lumineux tout autour de lui.
Et c’est dans cette lumière qu’il nous enveloppe, qu’il pacifie nos rapports, avec nous-mêmes déjà, avec lui ensuite et entre nous pour finir. Etres vivants, visibles ou invisibles. Il tisse grâce à l’énergie subtile et fine de sa danse, de sa geste, un fil qui nous relie. Il réveille en nous une langue ancienne, une langue qui nous permet de renouer le dialogue sans avoir peur. Sans avoir peur d’être vivant car la Danse est là.
Puissant talis-man-rec.
De fait, La parole est Dian’or, le silence est Amala.
Léone Beausoleil
©Jef Rabillon
Man Rec était programmé dans le cadre du festival Waterproof (Rennes)