Fauve Hautot et Romain Guillermic

Fauve et Romain : différents mais pas vraiment !

C’est peu de dire que Fauve Hautot et Romain Guillermic, stars de la danse, ont un emploi du temps très chargé. Alors on savoure la chance qu’on a de recueillir leur parole, entre répétition et tournage. Entretien où il est question de Same but Different (leur jeune compagnie), de passion pour la danse (toutes les danses). Et d’amour, et d’amour et d’amour …

Same but Different : ce joli nom de compagnie intrigue. Pouvez-vous nous parler de ce qu’il signifie pour vous ?

Fauve : C’est la rencontre de deux personnes, dotées de techniques différentes, qui se connectent grâce à une énergie commune. 

Romain : Parce qu’on se ressemble énormément… mais on est aussi trèèès différents, ahah ! Et puis, tout a déjà été inventé… Aujourd’hui, il s’agit simplement de faire les choses autrement, de les réinventer à notre façon.

Fauve, ton parcours t’a menée de la compétition au grand public avec Danse avec les stars, jusqu’à aujourd’hui, avec ta propre compagnie avec Romain. Qu’est-ce que ce chemin t’a appris sur toi-même en tant que danseuse et créatrice ?

Fauve : La rigueur, comme ligne de conduite, me paraît être le mot juste. Passionnée, je cherche constamment à m’améliorer. C’est un mouvement sans fin. La remise en question et la curiosité me permettent de m’aventurer hors zone de confort, de découvrir d’autres terrains de jeux, parfois insoupçonnés et donc de nourrir les acquis. L’idée de se trouver soi me plaît beaucoup, on change tout le temps, histoire d’une vie ! 

Comment définiriez-vous l’univers chorégraphique que vous développez aujourd’hui avec Same but Different ? Quels en sont les grands axes esthétiques et émotionnels ?

Romain : Fauve et moi, comme beaucoup d’êtres humains, avons énormément de choses à exprimer ! Et nous, on le fait par la danse. Pour Same but Different, l’idée, c’est la Fusion des styles : on mélange du contemporain, de l’électro, de la danse de salon, de la danse moderne. Grâce à nos expériences à la télévision et au cinéma, on intègre la caméra comme un véritable partenaire de danse. On veut donner à la danse une image populaire et accessible à tous.

Fauve : L’univers de la compagnie est Énergie aussi, beaucoup, saupoudré de poésie. La construction chorégraphique est souvent pensée comme un film. Passion image (!)

Vous avez déjà beaucoup dansé ensemble. Qu’est-ce qui rend votre duo aussi complémentaire et comment cette alchimie se traduit-elle dans la direction artistique de la compagnie ?

Romain : L’amour. C’est ça, le vrai moteur de tout ce qu’on fait !

Fauve : Nous partageons une vision commune, avons plein de choses à apprendre l’un de l’autre, on aime l’autre en fait. 

La scène contemporaine de la danse est très riche et en constante mutation. Quelles sont vos principales influences aujourd’hui ? Des chorégraphes, artistes ou même courants esthétiques qui vous inspirent particulièrement ?

Romain : Côté inspirations, je dirais : Bob Fosse, Gene Kelly, le mime Marceau. En ce moment, j’admire aussi James Thierrée, Slava Polunin … et même mon neveu de 3 ans !

Fauve : Il m’a volé mes réponses ! Grande admiration pour Fosse et Thierrée. Ma principale influence est surtout d’être connectée à mon ressenti. J’aime m’inventer des histoires, imaginer des personnages dans ma tête et les faire vivre sur un plateau. En résumé, je me fais des films ! Le côté graphique est important pour moi, probablement mon côté (hyper) ordonné (!) 

Fauve, le succès populaire, notamment via la télévision, peut parfois être un carcan autant qu’un tremplin. Comment arrives-tu à jongler entre cette notoriété et ta volonté de proposer une danse plus intime, plus personnelle ? 

Fauve : L’émission sur laquelle je travaille depuis 2011 m’a énormément appris. J’y ai développé ma danse, chorégraphie, réalisation, pédagogie, discours, elle est encore un formidable terrain de jeu. Aujourd’hui, l’envie est de développer et de m’aventurer sur d’autres chemins : la chorégraphie, le jeu d’acteur, la réalisation. Sans case, tout est compatible, je jongle avec mes désirs surtout. 

Et ne craignez-vous pas une certaine condescendance de la part du milieu, toujours par rapport à ce vedettariat dans lequel vous évoluez ? Que ce soit des programmateurs, des tutelles, des autres chorégraphes éloigné.es de l’entertainment …

Fauve : La plupart des gens sont dans l’ouverture, évidemment, parfois, j’y ai été confrontée mais chaque expérience est bonne à vivre. On ne peut pas plaire à tout le monde, l’important c’est d’être bien avec soi. Je suis intimement persuadée que l’on peut tous apprendre des uns et des autres, que le partage est doux. 

Romain : On n’a jamais eu à craindre quoi que ce soit à ce niveau-là. La danse, c’est la danse. Bien sûr, certains danseurs ont leurs idées bien arrêtées, mais la vérité, c’est que seul le mouvement compte ! La notoriété, pour moi, c’est juste un moyen de rendre accessibles à tous des choses qui, pendant longtemps, ont été réservées à un petit cercle fermé. Heureusement, le monde évolue, et j’espère que les mentalités suivront le même chemin.

Récemment les réseaux sociaux ont dévoilé votre travail avec le Ballet de Lorraine dirigée par Maud Le Pladec. En répétition, comment abordez vous la création avec les danseurs et danseuses de la compagnie ? Quelle place la transmission et la co-création occupent-elles dans vos processus de création ?

Romain : L’idée, c’était d’arriver avec beaucoup de matière, puis de voir ce qui fonctionnait avec les capacités des danseurs. En amont, on avait déjà prévu d’adapter la chorégraphie aux artistes que nous aurions avec nous. Et dans ce cas précis, les danseurs étaient exceptionnels, donc les possibilités étaient presque infinies ! Il suffisait de leur transmettre les énergies nécessaires, comme par exemple l’énergie électro.

Fauve : Et le rapport à la caméra. Certains n’avaient jamais fait de plan séquence. Nous sommes arrivés avec la chorégraphie, avions peu de temps pour transmettre, créer l’ensemble, nettoyer et filmer toutes les séquences. Une sorte d’urgence bien organisée. C’était intense et cool ! Encore un grand bravo à tous les danseurs et danseuses pour leur investissement, ainsi qu’à Maud, qui me permet toujours une grande liberté d’expression. 

À travers vos futures créations, qu’aimeriez-vous transmettre au public ? Y a-t-il des émotions ou des messages qui vous tiennent particulièrement à cœur ?

Romain : L’envie de danser. De créer. De vivre, tout simplement. À fond !

Fauve : Bien dit: let’s go ! 

Propos recueillis par Cédric Chaory
Crédit photo: Quentin Caffier