POUCE, le festival pour drôles
Né il y a 12 ans de la volonté de La Manufacture CDCN de proposer aux plus jeunes un premier pas dans l’univers de la danse, le festival POUCE revient sur les terres de Nouvelle-Aquitaine du vendredi 27 janvier au samedi 4 février. Soit 9 propositions dont 2 créations 2022 pour les jeunes curieux de 1 à 15 ans. (La curiosité n’ayant pas d’âge, les grands enfants sont aussi les bienvenus).
27 janvier – Château d’Oléron. Ça commence dans un tourbillon de couleurs. Celui des sacs plastiques de Moi, ma chambre, ma rue, pièce autobiographique du jeune chorégraphe malien Tidiani N’Diaye. Avec cette troisième création et première pièce jeune public, Tidani sublime le désordre apparent, révèle la vie invisible qui nous entoure et habite des objets apparemment inanimés. Seul au milieu de sacs plastiques multicolores, posé sur son tapis, il insuffle la vie grâce à ses mouvements, dans un tourbillon espiègle et lumineux.
Même jour, à Bruge : on danse la solidarité. Chorégraphe de l’intime et d’espaces infimes, Mélanie Perrier a invité un « comité des enfants » à participer à l’élaboration d’une partition chorégraphique et sonore, interprétée par Yannick Hugron et Hugo Epié. Il s’agit de questionner un geste aussi intime qu’universel : se tenir la main. Et de se tenir la main ou la pièce idéale pour repenser et sentir la solidarité aujourd’hui.
Le 31 janvier, à Ambarès-&-Lagrave, résonnera le Boléro de Ravel. Gilles Vérièpe s’en empare pour faire découvrir à de jeunes oreilles vierges de toute écoute cette scie musicale. L’originalité de la création 2022 : le chorégraphe et Yulia Zhabina vont danser ce Boléro en commençant par sa dernière section, les enfants étant ainsi invité·e·s à voir la construction de la danse se faire, avec ses cassures et ses différentes énergies. Boléro ou comment revenir à l’essence même de la danse : la joie de bouger.
1er jour de février à Lormont qui s’ouvre sur un conte chorégraphique. Dans Je suis tous les Dieux, Marion Carriau transmet sa passion et sa connaissance du Bharata Natyam, une des plus anciennes traditions de danse en Inde. Une invitation dans un monde fantasmagorique où se mêlent mots, gestes et musique qui laisse apparaitre des personnages magiques et des figures sacrées.
En Charente-Maritime, à Aytré, est joué le même jour GRRRRR de Sylvie Balestra, pièce qui remporte un vif succès depuis sa création en 2016 (la pièce été jouée plus de 500 fois). Installés en cercle dans une très grande proximité, les jeunes spectateurs pourront assister à ce solo pensé comme un rituel dansé où, grâce à un costume impressionnant, des figures animales apparaissent faites de peaux, de poils et de plumes. Par une approche anthropologique et ludique, GRRRRR sensibilise les plus jeunes en les ramenant aux origines de la danse.
Le 2 février, à la Manufacture de Bordeaux, Sylvain Riéjou propose une pièce qui parle de l’acte de créer. Car créer, c’est essentiel, mais ce n’est pas simple, l’artiste se met lui-même en scène pour nous laisser apercevoir les difficultés traversées par tout artiste ses dilemmes, ses fausses pistes, ses entêtements. Mais aussi les joies de la création. Mieux vaut partir d’un cliché que d’y arriver nous dit-il. Et Sylvain a bien raison !
Pour le dernier jour du festival, le Collectif AAO invite les plus petits d’entre nous à une douce rêverie. Où il est question de dentelle et de nature, de danse et d’art numérique. Mouche ou le songe d’une dentelle est une expérience fascinante et presque hypnotique pour les jeunes spectateurs invitant à lâcher prise et à se laisser capter, la pièce est un premier pas pour apprendre que la beauté se niche dans les détails.
Enfin ce 4 février, Marion Muzac clôt POUCE avec un spectacle à l’adresse des tous petits drôles (tout juste un an) au son du … Boléro de Ravel (encore lui !). Création 2022 et post-pandémie, Le Petit B ou la découverte d’un univers tout en mouvement. Les corps, les visages, les sons, les matières… tout est là pour susciter l’interaction, les sensations, les émotions. Et ainsi fait pour titiller l’imaginaire et caresser les sens.
A noter également la journée professionnelle du mercredi 1er février en partenariat avec l’association des Chercheurs en Danse (aCD) à l’occasion du lancement de la revue Recherche en danse n°11 sur le thème «Danse et éducation» (sous la direction de Joëlle Vellet et Patrick Germain Thomas). Conférence, spectacles, lancement de la revue … Réservation fortement conseillée à bordeaux@lamanufacture-cdcn.org
Cédric Chaory
© Cyrielle Bloy