Si le temps m’était compté...
Avec Timeproject, l’artiste australienne Prue Lang, nous invite au jeu. D’après la chorégraphe, le temps est un partenaire méconnu de l’espace. Dans son dernier spectacle, déjà joué dans les festivals June events et Faits d’hiver, elle le mesure, l’interroge, le manipule. Sur le plateau quatre danseurs proposent, munis d’accessoires ou pas, des règles du jeu chaque fois différentes. L’objectif de ces dernières étant d’éprouver d’une manière ou d’une autre le temps, une des composantes essentielles de la danse, avec l’espace et le poids.
Qu’une plume tombe, qu’on se tienne par la barbichette, qu’on tente de trouver les faces colorées d’un rubicube, qu’on jette les dés… tout est propice à traiter du temps.
Que peut on faire à l’intérieur de ces temps déterminés par des objets et des règles que l’on se donne ? Qu’est-ce que le temps crée à notre insu ? Comment chacun tente de se l’approprier ? Comment qualifier la perception que chacun peut s’en faire ? Autant de questions posées par Prue Lang sur la malléabilité du temps. Elle met en scène le présent caractérisant de manière privilégié le théâtre, la représentation en art vivant. Partage unique, singulier et éphémère entre public et artiste.
Timeproject est une petite fantaisie. On se prend au jeu avec les danseurs, mais l’imaginaire reste à terre. Nous avons à faire au concret. Il faut noter ici que le spectacle est aussi lié à une phase de recherche et de développement concernant un prototype de chaussures « piézo-électriques » qui récolte l’énergie des danseurs pour produire un autre type d’énergie. Bien sûr, des espaces sont fouillés au sein de ces mesures temporelles, mais dès que le jeu s’arrête, l’éventuelle émotion qui pouvait poindre s’arrête elle aussi. On est dans un procédé, un processus, une sorte d’atelier, qui nous est proposé. Faut-il en faire un spectacle ? La mécanique bien huilée finie par ennuyer quelque peu. On prend pourtant plaisir au départ à voir les danseurs se mettre dans des situations de relatif défi. Mais le procédé et sa répétition lasse. Je ne dirai pourtant pas que Timeproject fut une perte de temps, mais c’est un temps qui ne reste définitivement pas. Il s’envole avec le temps de la représentation. Réussite donc ?
Fanny Brancourt, Micadanses (Février 2013)
©Hillary Goidell