La cinquième position ou le mariage élégant du verbe et du geste. Un juste équilibre posé sur des pointes rouges, déposé par une langue maîtrisée. Une danseuse dont l’humour subtil glisse comme un patin sur le sol d’hiver, une danseuse qui rend hommage à ses maîtres et aux moments essentiels qu’elle a traversés, une chorégraphe qui laisse affleurer l’érotisme d’un corps plein vivant en quête de mouvement.
La poétique des tableaux évoqués nous régale de moments succulents, un menu savamment élaboré pour les gourmets que nous sommes. Andréa Sitter, dont la technique reste irréprochable, sème des gouttes de rosée pour ceux qui ont soif de dans. Elle suspend la féminité entre un grand écart sur une échelle verticale et une position qui évoque l’Inde à l’horizontale.
La vie est là, palpitante. Elle résonne. Elle bat son plein, la salle l’accueille. Et c’est ce qu’elle nous susurre tout au long de cette biographie chorégraphique qui se termine par un slow pétillant. Slow qu’elle partage avec un homme du public.
Nous recevons tout : la force, l’humour, le savoir accumulé, les deuils, les réjouissances aussi, la joie et la passion qui l’accompagnent. Le tout offert avec générosité et cette simplicité qui caractérisent les grands artistes. Nous sommes là, convaincus d’avoir partagé un moment distingué, élus d’avoir reçu ce soir là tous ensemble ce cadeau incroyable.
Car Andréa Sitter nous a offert une part d’invisible, ce pourquoi nous venons là : l’amour de la danse, l’infini subtil et terrible … tout à la fois, mais là encore la vie bat son plein.
Léone Beausoleil, Le Triangle Rennes (octobre 2011)