De toi à moi, il n’y a qu’un pas…
De toi à moi, il n’y a qu’un pas et je le fais. From B to B, nous invite à partager une rencontre entre deux personnes, entre deux univers culturels et chorégraphiques. De Bruxelles où vit le chorégraphe suisse Thomas Hauert, à Barcelone où réside et travaille Angels Margarit, les chemins empruntés sont tout aussi géographiques qu’artistiques.
Depuis leur rencontre en 2005, à l’occasion du Festival TensDansa de Terrassa (dont Angels Margarit était la directrice artistique), les deux chorégraphes n’ont cessé d’échanger. Dans From B to B, Thomas Hauert et Angels Margarit s’appliquent à développer un langage commun propre à leur danse, pour faire apparaître les différences qui leurs sont inhérentes de par leur culture et notamment leur langue.
Thomas se présente alors, ou plutôt est présenté par Angels dans la langue de ce dernier qu’il lui souffle à l’oreille. Suite à cette présentation orale, il s’exécute. Sa danse est l’occasion pour Angels d’entrer dans une gestuelle différente de la sienne, en l’imitant. Le jeu peut commencer. Nous assistons à de multiples échanges verbaux, écrits (mots d’origines diverses prétextes à plusieurs voyages physiques), musicaux (morceaux liés au parcours des chorégraphes) avec une grande jouissance.
Les deux artistes jouent avec les différents niveaux de langage pour aller l’un vers l’autre avec force ou douceur mais toujours dans une savoureuse curiosité. Pour s’amuser des mots et les traduire physiquement, ils ont fait appel à Marius Serra traducteur et auteur catalan mais aussi spécialiste de jeux de mots.
Une manipulation de lettre, et l’on passe du mot Trobes au mot Trabes qui signifie Entraver. Angels Margarit s’efforce alors sur un air de flamenco d’empêcher la danse de Thomas Hauert. L’intégrité de celui-ci reste entière, mais l’échange est là. La résistance de l’un à l’autre crée une autre danse qui, de manière étonnante se lie complètement à la musique. On perçoit à travers leurs improvisations, ces pas que chacun fait l’un vers l’autre. Et cette joie d’être ensemble.
De Thomas à Angels les jeux de mots se multiplient et les conduisent jusqu’à une sorte de tango, où l’improvisation des deux interprètes bousculent les codes. Pour ce jeu permanent entre les différents langages, qui lient ces deux chorégraphes, From B to B, est un souffle de plaisir à saisir sans retenue.
Fanny Brancourt – Théâtre de la Bastille Paris (septembre 2011)
©Ros Ribas