La danse de Georges Momboye : terre de rencontres
Côté jardin, de longs troncs d’arbres créent un espace de lignes verticales qui sont autant de résonances à la ligne souvent élancée des hommes massaï. Côté cour, un homme au sol s’approche doucement, avec des mouvements de bras, d’un carré de terre-maquillage dont s’enduisent les massaï, afin de reproduire les lignes de leurs corps. Nous entrons avec lui dans un rituel (le temps du spectacle). Il ne s’agit pas d’un rituel qui serait uniquement lié aux danses massaï, mais plutôt d’un rituel contemporain, auquel nous convie le chorégraphe ivoirien Georges Momboye.
Contemporain parce qu’il fusionne danse africaine et danse contemporaine. Quel plaisir d’assister à ce métissage. Il n’y a pas d’un côté, comme on le voit trop souvent, les prouesses d’un danseur traditionnel africain, et de l’autre côté des danseurs contemporains qui tentent de s’approprier, parfois maladroitement, cette gestuelle. Les danseurs de la compagnie de Georges Momboye, on a pu le voir dans différents spectacles (Le sacre du printemps, Boyakoda, Tahaman, Clair de lune…) viennent à la fois du milieu africain mais pas seulement. Georges Momboye aime mêler ses racines africaines, l’énergie, la puissance de la danse africaine à d’autres types de danses. Les danseurs dont il s’entoure sont à l’image de cette volonté permanente.
Le rituel commence donc, le danseur massaï initie de jeunes hommes. Ils sont six, munis de bâtons à entrer dans la danse. A leur côté une femme, à la danse tout en rondeurs énergiques, se fait le trait d’union entre ces deux entités.
Les lignes du danseur massaï sont précises, à l’image de lignes de son corps parfaitement dessinées presque irréelles. Sa colonne vertébrale ondule de manière continue malgré d’amples déplacements ou au contraire de petits pas. Des danses massaï nous ne connaissons souvent que les sauts effectués sur place. On perçoit ici d’autres particularités de ces danses. Et ceci est d’autant plus fort qu’elles sont incluses dans une mise en scène métissée. Les danseurs tendent à l’équilibre, et parviennent à rejoindre petit à petit la ligne vertébrale de l’initiateur. Leur chemin est pourtant empreint de déséquilibres, de tourbillons énergiques, de chutes, de mouvements qui exultent. Mais qu’importe ils se retrouvent à un moment à l’unisson avec le danseur massaï, trouvent la verticalité celle qui mène aux sauts.
Empreintes Massaï est un spectacle bouillonnant d’inventivité. Il ne s’agit pas d’exotisme mais de cette envie profonde de rencontrer l’autre, celui qui peut fasciner par sa richesse culturelle. Une tentative de s’approcher de l’autre afin de le comprendre réellement. On perçoit très clairement cette volonté commune des danseurs de partager ce que chacun est et d’être ensemble. Et n’est-ce pas ce qui compte le plus ? Avec Empreintes Maissaï, Georges Momboye nous en convainc.
Fanny Brancourt – Centre des Bords de Marne, Le Perreux-sur-Marne (Avril 2011)
©Steve Appel