Correspondances a été créé en 2007 par la chorégraphe sud-africaine Nelisiwe Xaba et l’haïtienne Kettly Noël. A la fois cri de haine et cri d’amour, cette pièce est avant tout un pas de deux d’artistes. Des femmes, des danseuses et chorégraphes liées par leur vision du monde. L’une à Bamako (la ville où vit Kettly Noël depuis de nombreuses années) l’autre à Johannesburg, elles correspondent.
Puis ce sont les retrouvailles, pour de vrai. Vient le temps des embrassades, des rires, des disputes de tout ce qui peut muer deux femmes aux différences lointaines. Elles sont à la fois les petites filles qui s’amusent et se font des coups bas, mais aussi les femmes qui prennent le pouvoir sur l’autre, ou encore qui dénoncent l’argent qui peut tout acheter même l’Afrique (Kettly Noël s’empare d’un micro afin d’exposer quelques vérités qu’on ne veut pas admettre, ou que l’on a trop admis sans les remettre en cause).
Correspondances nous entraîne dans le jeu en permanence. Un jeu vache et jubilatoire. Kettly Noël et Nelisiwe Xaba exposent ce que deux femmes peuvent partager. Les petits riens qui les relient comme ceux qui les dépassent jusqu’à énerver l’autre, et le pousser dans ses retranchements les plus profonds. Les frontières entre ce qui les lient et ce qui les séparent, sont floues et poreuses. Finalement, elles finissent pas boire le même lait et sont dépouillées de tout artifice.
Ce spectacle s’apparente à un franc sourire, piqué de sournoiserie et de tendresse. La danse des deux chorégraphes et leur jeu de scène nous fait rire. Un rire qui passe du jaune à l’éclat.
Fanny Brancourt – Bouffes du Nord Paris (Novembre 2011)
©Eric Boudet