Ali courte pièce pour deux danseurs-circassiens, quatre béquilles, trois jambes (Hedi Thabet est unijambiste), deux têtes et une grande complicité.
Hedi Thabet et Mathurin Bolze se connaissent depuis longtemps, mais partagent pour la première fois la scène. Ali parle de la rencontre de ces deux personnes qui sont à la fois complices et rivaux. La pièce commence par une marche avec béquilles à l’unisson, cette marche devient plus rapide, les danseurs-acrobates se distancient, se retrouvent puis s’enjambent, et se retrouvent enfin sur une chaise. Une simple chaise en bois au-dessus de laquelle est suspendue une lumière. La chaise semble être leur lieu commun. Ils y partagent avec humour un espace restreint dans lequel chacun arrive tant bien que mal à prendre sa place. Le corps de l’un se mêle et se démêle avec le corps de l’autre. Ali c’est Mathurin Bolze et Hedi Thabet. Ils existent seuls en tant qu’individu mais leur force émane de leurs corps qui ne font qu’un.
Ali est un personnage touchant parce qu’humain. Il est différent par ses membres. Il se déplace avec trois jambes. Cette différence nous rend curieux tout comme l’est une part d’Ali (Mathurin Bolze). Il est étonné de cette jambe de pantalon cachée dans la poche arrière, de l’autre part d’Ali (Hedi Thabet). Elle devient l’occasion de glisser la jambe d’un autre. Et de cette différence, il s’en amuse tout comme nous. La différence de l’un est l’occasion d’un jeu de l’autre. On ne sait plus qui est qui. L’altérité émane de cet imbroglio des corps. L’un est porté par l’autre et réciproquement. Ali est une pièce où l’on s’amuse comme les danseurs, où l’on s’étonne des capacités d’Ali et de la « complicité » qui le constitue. La rencontre de ces deux danseurs-acrobates enrichit notre vision de l’autre, en faisant appel au jeu et à l’amusement.
Fanny Brancourt
©Christophe Raynaud Delage