Flash-back chorégraphiques et autres choses de la vie
Jean-Claude Gallotta nous entraîne avec ces Chroniques chorégraphiques 1, dans ses souvenirs, ses turpitudes, ses rencontres, ses émotions. Des émotions de toutes sortes liées ou pas à la danse. Une très grande humanité se dégage de la proposition du chorégraphe. L’envie de partager ces nombreuses années consacrées à la danse, a pour point de départ un texte de l’auteur Hervé Guibert. « Qui est le chorégraphe, sinon ce grand fada sacré que la société semble payer pour le rachat de la mort des gestes. » écrit-il en 1984 lors de sa rencontre avec Jean-Claude Gallotta et par là-même avec la danse contemporaine.
Le socle de Racheter la mort des gestes part de cette rencontre et de ce qui constitue sa vie. Le voyage auquel nous invite le chorégraphe, traverse des époques (un couple de danseurs reprend un extrait de Daphnis é Chloé), des films, des « gens » (non professionnels qui se présentent à une audition et dansent ce qu’ils sont sur le thème imposé), des personnes aux contraintes physiques fortes, des musiques et chansons familières évoquant des moments de vie… et bien d’autres choses encore.
Le plateau est le lieu de toutes ces rencontres. Images, sons, personnages féminins, masculins s’interpénètrent sans cesse comme un acte de pure création. Et font écho à l’énergie dont est porteur Jean-Claude Gallotta. A chacun ensuite de la déployer et de la transmettre, pour soi, pour les autres. On est saisit par les nobles intentions qui mènent le chorégraphe.
De temps en temps la voix de ce dernier intervient. Nous évoque ici, la rencontre avec Hervé Guibert, la première de Daphnis é Chloé (déjà rappelée dans la pièce jouée l’année dernière, Faut qu’je danse), là, la rencontre avec le couple Viale, couple formé d’un « presque musicien » comme il dit, et d’une danseuse qui chante… Jean-Claude Gallotta nous donne à voir une forme qui relève en quelque sorte du journal intime. Journal intime qu’il a constitué autour de ces nombreuses années de danse et de vie tout simplement.
Emu de ce temps qui passe, le chorégraphe partage son émotion avec le public aussi bien par la voix, le geste, que l’image. On est parfois touché par tout ce qui se dégage des individualités dansées, énoncées. Pourtant rien ne se détache réellement avec force. Racheter la mort des gestes, ressemble à un flash-back, menant son petit bonhomme de chemin. Tout y est juste mais un peu trop tranquille. On ne sort pas renversé de ce spectacle ni par des révélations, où vie artistique et vie intime du chorégraphe se mêlent, ni par de puissantes évocations ou rappel chorégraphiques. La force chorégraphique de Jean-Claude Gallotta semble retenue. Peut-être hésite-t-elle à entrer ?
Fanny Brancourt – Théâtre de la Ville Paris (Octobre 2012)
©Cie Jean-Claude Gallotta