Mamuka – Pantxika Telleria

Une fugue sylvestre de Pantxika Telleria

 

Au pays basque, on aime sa culture, sa langue, ses habitant.es et plus que tout sa nature, LA nature. On respecte tout cela. Pantxika Telleria, illustre chorégraphe de cette terre fière et belle, le démontre avec un spectacle jeune public élégant et efficace. Délicat comme les ailes d’un papillon, doux comme la mousse des sous-bois.

Dans la clairière imaginaire de MAMUKA, la nature ne se raconte pas, elle s’invente à chaque battement d’aile, chaque frémissement de branche. Pantxika Telleria, chorégraphe de la compagnie Elirale, convie les plus jeunes à explorer les tréfonds d’une forêt aussi fantasque que familière, peuplée de racines bavardes, d’insectes affairés et de jeux d’ombres où tout disparaît pour mieux réapparaître.

Ici, la scénographie se fait discrète — tulle, ballons de baudruche, quelques trouvailles ingénieuses — mais la poésie, elle, foisonne. Deux interprètes, Joana Millet Arias et Jon Vernier Bareigts, se glissent tour à tour dans la peau d’un végétal, d’un scarabée, d’une libellule insolente ou d’une mante religieuse un brin vaniteuse. Chaque saynète devient une micro-fable, une fenêtre ouverte sur l’intimité grouillante de la forêt.

La partition chorégraphique, subtile alliance de pas classique et de fondamentaux contemporains, s’adresse aux enfants avec une délicatesse rare : rien n’est surligné, tout respire le jeu. La fluidité, le travail au sol, le jeu des poids et contrepoids dessinent – sobrement la pièce s’adressant aux enfants dès 3 ans -un vocabulaire gestuel qui invite le jeune spectateur à regarder autrement. Tout geste, même minuscule, devient un paysage à explorer ; toute immobilité, une promesse de surprise.

Accompagné des Quatre saisons de Vivaldi réorchestrées et mêlées aux chants secrets des sous-bois, le spectacle rappelle que la nature est avant tout un espace de cohabitation joyeuse et imprévisible. À travers ce microcosme mis en mouvement, l’enfant est convié à ressentir ce qui se cache sous ses pieds, dans l’humus, là où le vivant prolifère en silence.

MAMUKA  ne se contente pas d’enchanter : il éveille une conscience tendre. En dansant la fragilité de la racine, l’agilité d’un insecte ou l’audace d’une branche, la pièce révèle la beauté cachée de cette nature que nos pas trop pressés ignorent souvent. Un manifeste ludique et vibrant, pour que, peut-être, les plus jeunes apprennent à voir — et à protéger — la forêt autrement.

Cédric Chaory 

© Stéphane Bellocq

Vu au Théâtre Golovine – Avignon OFF. Jusqu’au 25 juillet, 10h30 (relâche les 14 et 21 juillet) puis jeudi 29 janvier 2026, à 20H30, au Théâtre Francis Planté d’Orthez (Tout public le soir et scolaire l’après-midi).