Trouver la liberté dans la contrainte
Inspiré du poème de William S. Burrough, Thanksgiving Day, Nov. 28, 1986, le collectif italien Kinkaleri, avec Fake For Gun No You All !, invente un langage à la fois simple et énigmatique. Le poème dédié au gangster américain John Dillinger est pris aux mots voire aux lettres. Les deux danseurs s’emparent de celui-ci et déclinent un alphabet gestuel. Durant quarante minutes, ils vont alors décliner cet alphabet dans des espaces, des temps, des états de corps différents.
Fake For Gun No You All !, est un exercice de style, une performance où le langage s’invente en permanence. Façons de dire, façons de faire se déclinent. Simona Rossi et Massimo Conti « se parlent » avec ferveur. Leurs échanges peuvent être tumultueux, frénétiques, apaisés, éloignés. On perçoit entre les deux interprètes une grande complicité, échange de sourires, de regards. Ils prennent cet alphabet comme un jeu d’enfants, et malgré la rigidité de l’exercice, trouvent la liberté d’exprimer au-delà du texte de Burrough.
Malgré l’amusement et le plaisir qu’ils prennent à composer, on est quelque peu lassé par la répétition des gestes (et ce malgré les différentes couleurs dont ils sont teintés) et l’absence d’émotion qui se dégage de ce langage. Absence d’émotion en partie liée à l’absence de narration. On ne se projette pas dans Fake For Gun No You All !, on reste vraiment spectateur. Trop.
Fanny Brancourt, Le Colombier Bagnolet (Mai 2014)
©Andrejs Strokins