Le chemin, c’est le but
Diplômé du Centre National des Arts du Cirque de Châlons-en-Champagne, Yoann Bourgeois n’a cessé de lier son travail de circassien à celui de danseur, notamment au sein de la compagnie Maguy Marin.
Pour cette forme courte Fugue / Balles, il s’appuie sur une partition de L’art de la fugue de Bach. Il y associe trois balles avec lesquelles il jongle tout simplement. Tout simplement, car il n’est pas question de lancer les balles le plus haut possible et de les rattraper par la suite. Il s’agit plutôt de leur faire jouer une partition qui leur est propre. Illustrant parfois celle de Bach, ou le battement de mesure d’un métronome. Le corps du jongleur est au service de ces battements de balles, du temps entre chaque temps. Un temps précis traversé par des silences, des suspensions. Les balles figurent ces silences. Elles sont l’expression de ce qui se passe entre deux prises, entre le lancer et le recevoir.
Yoann Bourgeois explore ces suspensions, ces entre deux. Le corps neutre et sensible, il nous donne à voir tous ces moments auxquels on échappe si l’on ne se préoccupe que de la performance grandiloquente. Par la précision du geste comme par ses qualités de corps (tenue et souple, retenue et relâchée), Yoann Bourgeois nous fait vivre la suspension. Ses balles expriment le chemin qu’il y a entre deux choses, entre deux gestes, entre deux notes. Début et fin de chaque chose, elles font et défont, jusqu’à participer à ce mouvement permanent, la vie.
Fanny Brancourt – Grande Halle de la Villette Paris (Mai 2012)
©Pascale Cholette