Laura Cappelle

Nouvelle histoire de la danse en Occident : une lecture passionnante

La danse représente un réel défi pour les historiens. Art de l’éphémère, elle ne laisse dans son sillage que des traces très partielles une fois évanouie, et continue souvent à être oubliée dans les récits de l’histoire de l’art. Afin de combler ce manque, Laura Cappelle a réuni vingt-sept des meilleurs spécialistes internationaux de la danse occidentale, dont les travaux mettent en avant sur la longue durée, depuis la Préhistoire jusqu’à nos jours, une multiplicité de techniques et de pratiques. D’ores et déjà un ouvrage de référence !

On le sait l’édition s’empare bien trop peu de la thématique de la danse et si les « beaux-livres » emplis de photos de graciles danseuses en tutu encombrent les étals des librairies en fin d’année, peu d’ouvrage abordant histoire, théorie et autre étude fouillée de la discipline sont publiés. C’est pourquoi Nouvelle histoire de la danse en Occident sous la direction de Laura Capelle est un événement éditorial, doublé d’un plaisir de lecture non feint.

En retraçant un pan immense de l’histoire de la danse occidentale (comprendre ici Europe et Etats-Unis), du paléolithique supérieur aux créations contemporaines, Laura Capelle et vingt-sept spécialistes de la danse, dont des Français comme Marina Nordera, Sylvie Jacq-Mioche, Hélène Marquié, Laure Guilbert, Patrick Germain-Thomas, et des signatures étrangères, telles celles de Yosef Garfinkel ou Alastair Macaulay, fait mouche. Le projet était ambitieux – et sans doute pour cela que rien n’avait été publié sur cette thématique, en France depuis près de 20 ans et le pari réussi haut la main. Me concernant c’est un vrai page turner !

Divisé en quatre périodes, de la préhistoire au Moyen Age, de la Renaissance au XIXe siècle, au long du XXe siècle, puis de la fin du XXe au début du XXIe siècle et peu illustré, Nouvelle histoire de la danse en Occident conte l’incroyable évolution d’un art dont l’histoire est encore trop méconnue du grand public.

L’intelligence de l’ouvrage chronologique est de traiter différents angles et thématiques précis questionnant l’évolution de l’art chorégraphique. Danses chorales de la Grèce antique, danses religieuses du moyen-âge, corps éloquents des 17 et 18ème siècles, le lecteur (qui peut être érudit ou néophyte) navigue dans les époques et les styles tous entrelacés pour finalement atteindre les rives de notre XXIème siècle. Patrick Germain-Thomas clôt cette somme en questionnant l’actuelle danse. Une danse récemment orpheline de ses principaux deux maîtres, Cunningham et Bausch et qui s’active tout azimuts à se renouveller.

Cédric Chaory