Nervures – Fabrice Lambert

Mobile mobilités

Fabrice Lambert danseur, chorégraphe, et directeur artistique de l’Expérience Harmaat (lieu de recherches, d’expérimentations, de créations aux croisements des disciplines : plasticiens, ingénieurs, vidéastes…), revient sur scène avec un solo : Nervures.

A partir d’un mobile original -mobile n°8, 2013- réalisé par le plasticien Xavier Veilhan, il tisse des liens entre ce que nous sommes et là où nous sommes. A la manière d’une toile d’araignée, il tire et étire des fils allant d’un point à un autre. De l’intérieur vers l’extérieur, il cherche les flux, ce qui s’échange, les va-et-vient. Ce mobile est l’occasion pour le danseur de « questionner les réalités auxquelles fait face l’homme moderne ». Etoffée d’entretiens menés avec des aveugles sur la perception qu’ils ont du paysage et de manière plus globale de la nature, Nervures inscrit l’homme dans son environnement et interroge ses sensations.

La danse de Fabrice Lambert puissante, faite de heurts et de souples mobilités, s’engage dans toutes les ramifications figurées par le mobile. Du sol aspirant, reposant, aux verticales affirmées en passant par des demi hauteurs à l’image d’une série de sauts défiant l’horizon, le danseur et chorégraphe est à la fois « une part du paysage et le paysage lui-même ».

Vêtu de rouge, il est le point focal, celui d’où part le mouvement pour l’inscrire dans une globalité. Jouant de la lumière d’un tube plongeant sur sa tête, sur son corps, il multiplie sa présence, son apparence. Moment ludique témoignant de toutes ces réalités auxquelles l’homme est confronté. Cette image est celle qui perdure une fois le spectacle terminé. Les autres séquences bien qu’empreintes d’une certaine force due en partie à la présence et à la danse de Fabrice Lambert mais aussi par les espaces qu’il crée avec le mobile, paraissent moins enclines à l’imaginaire et au propos du chorégraphe. L’espace scénique devient paysage architectural mais l’humain y semble plus effacé. Les histoires, que l’on pourrait se raconter, se dilatent ; le spectateur devient plus passif face à ces constructions matérielles. Nervures reste une proposition originale malgré cette distance qui s’établit au cours de la pièce, entre émotions/sensations et écriture chorégraphique.

Fanny Brancourt, Théâtre de la Ville Paris (Janvier 2014)

©Alain Julien