Desincarnats – Bernardo Montet

Deux trois choses du vulnérable

«Il est bon aussi d’aimer car l’amour est difficile. C’est pour l’individu une occasion sublime de mûrir, de devenir un être en soi, de devenir monde pour soi et pour l’amour d’un autre, quelque chose qui fait de lui un élu et l’appelle vers de grands horizons.» Rainer Maria Rilke, Lettre à un jeune poète

A ce nouvel opus, chorégraphié par Bernardo Montet, ces mots de Rilke collent à la peau. La maturité du chorégraphe et l’amour qui se dégage de cette danse incarnée au plus haut par Jean-Claude Pouligue et le chorégraphe lui-même nous emmène sur les rives d’une terre poétique où les vraies choses ont leur place, où leur ordre est concret, sans se contredire et s’affonter.

La beauté de la pièce réside autant dans la qualité incroyablement profonde du geste que dans l’espace ténu qui l’entoure. Voir, entendre, sentir, goûter, toucher, il nous faudrait d’autres sens pour en apprécier la beauté intrinsèque; la vibration qui s’en dégage est la prolongation du geste puissant du chorégraphe et de sa quête de l’authenticité retrouvée auprès de Jean-Claude. (Des)incarnat(s) est pétillante, présente, ancrée dans ses fondations et tournée vers l’avenir… La pièce n’existe que par Bernardo et Jean-Claude, et elle est là pour nous. Dans le présent, l’aujourd hui, le savoir-vivre maintenant, et ce par le geste, la danse et l ‘écriture. Pour cela, merci et respect.

Léone Beausoleil Le Garage Rennes (Octobre 2012)

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