Karma Dance Project (KDP)

Karma Cameleon

Sur le papier, le projet est séduisant :  la constitution d’une compagnie d’interprètes sollicitant des chorégraphes curieux de créer des œuvres originales pour des artistes frondeurs. Qu’importe que cette entreprise ait déjà foirée dans le courant des années 90, les quatre artistes que compose Karma Dance Project (KDP) y croient. C’est déjà ça.

Ce soir, la jeune compagnie présente deux œuvres : une anecdotique (pour rester poli) de Marcello Raciti et une de Gigi Cacileanu, ancien directeur-fondateur du CCN de Rennes parti vivre depuis d’heureuses aventures chiliennes. Forcément traqueuse pour cette grande première, KDP a essuyé moult déconvenues. Un plateau où le tapis de sol était tenté de se faire la belle, un éclairage digne d’une surboum collégienne, une chanteuse lyrique (?) aphone ont massacré un Mother Technology Kill Me Please, première pièce présentée, qui n’avait pourtant pas besoin de tout cela pour révéler ses faiblesses. Enorme blague qui hésite entre ateliers d’élèves de cours avancés et poncifs d’une danse contemporaine 80’s, Mother laisse perplexe. Les artistes eux-mêmes n’y croient pas et s’ éxécutent mollement. Ikki Hoshino sauve péniblement les meubles en jouant une partition néo-classique béjartienne, Nicola Ayoub emballe, elle, par son charme mais les 45 minutes s’avèrent plus que douloureuse.

A l’entracte, le public reprend péniblement son souffle, espérant que Gigi, en bon professionnel, aura signé une pièce inspirée. Et le miracle se produit. Enfin sur ses jambes la compagnie entame avec entrain le solaire Quadrix, brêve variation toute en subtilité. 25 minutes intenses où les quatre interprètes révèlent leur fort potentiel. Comme pour Mother Technology Kill Me Please, les parties parlées flopent, les voix n’étant pas assez assurées mais on sent la compagnie bel et bien décidée à embarquer le public dans ce voyage aérien.

Reader digest de l’art de Caciuleanu, Quadrix sauve la soirée. Le public l’a bien compris. Les applaudissements se font plus bruyants que pour la première pièce. On a frôlé le pire, merci Gigi. Conclusion : pour que l’entreprise courageuse de Karma Dance Project perdure dans le temps, il lui faudra s’entourer de chorégraphes inspirés, choisir des partitions qui les magnifient. La suite au(x) prochain(s) chorégraphe(s) !

Cédric CHAORY, Espace Kiron Paris (Avril 2012)

©Laurent Paillier