Ginger five – Raphaëlle Delaunay

Histoire de danses

Dans Ginger Jive, Raphaëlle Delaunay passe en revue, quelques-uns des danseurs noirs qui ont marqué l’histoire de la danse de Joséphine Baker à Mickaël Jackson.

Raphaëlle Delaunay s’est entourée de trois autres danseurs pour parcourir quelques-uns des chapitres de cette histoire. De L’après-midi d’un faune, aux chorégraphies de Michaël Jackson, aux danseurs de cabaret ou de comédie de music-hall, jusqu’aux danses de transe (comme dans le film de Jean Rouch Les maîtres fous), la chorégraphe aborde plusieurs types de danse avec beaucoup d’humour. Pour preuve, cette scène où la danseuse américaine Asha Thomas, nous explique comment s’y prendre, chez nous dans notre cuisine ou ailleurs, pour maitriser l’essentiel des pas et gestes créés de Mickaël Jackson. Complètement imprégnée de la danse du chanteur pop, elle exulte à chacun des gestes qu’elle nous enseigne.

Ce sera plus tard, au tour d’une danseuse classique (Raphaëlle Delaunay en tutu blanc, chaussons noirs et blouson de cuir rouge) de nous exprimer sa vision de la danse et d’en détourner les codes. Les pointes deviennent alors un élément percussif.

De ces notes humoristiques, qui sont toujours une belle façon de parler de la danse, la chorégraphe semble s’éparpiller. Les tableaux s’enchaînent sans que le lien entre les uns et les autres fasse sens. Parfois, le temps qui leur ait consacré les dessert. Comme ce passage où deux danseurs reprennent en partie la gestuelle de L’après-midi d’un faune, vêtus d’or telle Cléopâtre pour l’une et de collants léopard pour l’autre. Une fois que la chorégraphe s’est réappropriée les éléments du célèbre ballet, on ne perçoit pas trop le chemin vers lequel elle veut nous emmener. L’humour avec lequel Raphaël Delaunay, a choisi de traiter la danse, me paraît être sa plus grande qualité. Et c’est sans doute l’axe principal à travers lequel on peut apprécier le travail de la chorégraphe.

L’autre point fort de ce spectacle est à mon avis, la présence du danseur Mani Assoumani Mungai. Il est incroyable de nuances tant dans sa danse que dans son jeu. Il est à la fois le quidam qui tente d’imiter les danseurs que l’on voit à la télé, mais aussi cet homme qui par la transe devient fou, dont le corps se tord dans tous les sens et les yeux se révulsent. Incroyables visions.

Fanny Brancourt – Théâtre des Bouffes du Nord Paris (Novembre 2011)

©Philippe Savoir

 

 

 

 

 

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