Encor – Catherine Diverrès

La première danse et celles qui lui succèdent

Ils sont cinq danseurs. Cinq danseurs qui dansent encore malgré les chaos. En tenue de soirée sur de la techno, puis sur des rythmes chaloupés, habillés en marquise poudrée, vêtus d’un tutu… jusqu’aux corps nus peinturés de rouge, ils dansent encore. 

Catherine Diverrès nous témoigne par ce spectacle de son irrépressible amour de la danse. Ses interprètes ne cessent d’aller et venir. Qu’ils soient en solo, en duo, trio ou quatuor, ils exultent. Des danses retenues, explosives, ils émergent tour à tour avec cette foi dans le geste propre à la chorégraphe. Catherine Diverrès n’est plus directrice du Centre Chorégraphique National de Rennes, et c’est avec une commande du  directeur de la Biennale de la danse de Lyon, Guy Darmet, qu’elle reprend  l’écriture chorégraphique. Cette écriture chorégraphique comme fondement de sa danse engagée et de son engagement dans la danse.

Catherine Diverrès nous fait voyager avec Encor à travers les époques, à travers l’humanité qui se cherche, qui se perd et qui renaît encore. Les lumières d’Eric Corlay participent à la création de ces époques. Un panneau en fond de scène est éclairé par différentes teintes qui donnent tout de suite l’espace imaginaire dans lequel les interprètes nous entrainent. Des bruits de marteaux piqueurs surgissent, après la déconstrution, la reconstruction semble possible. L’origine de la danse est ici questionnée.
Comment le geste apparait ? Quelle peut être la première danse ? La répétition permet-elle l’émergence du mouvement ?  Autant de questions auxquelles la chorégraphe tente avec ses interprètes de répondre. Catherine Diverrès a proposé cinq parcours dans l’espace auxquels les danseurs ont ajouté leurs propres phrases. Celles-ci ont été répétées pour trouver des réponses aux questions posées. Etonnant travail sur la répétition dont se défend habituellement la chorégraphe. La boucle devient un outil chorégraphique pour questionner la notion de temps. Ce qui existe et ce qui a préexisté pour que surgisse « l’encor ».
Encor est une pièce sur la croyance en la résurgence. Les danseurs jouent avec l’espace et le temps. Ils nous plongent dans un univers puis par un éclairage, un costume ou un objet nous font basculer dans un autre. Un homme coiffé de plumes entame une danse tel un indien autour d’un feu, une femme à la peau blanchie dépose en bord de scène un bouquet de roses rouges, des hommes et des femmes vêtus d’un tutu évoquent une danse classique… Ces univers sont autant de référence à la danse et aux époques et lieux qu’elles traversent. Encor nous propose une danse plurielle, celles des origines mais aussi celles qui naissent après chaque destruction.
Catherine Diverrès témoigne encore (et on l’espère pour longtemps) avec cette pièce de son rapport au temps et à l’espace où l’homme se meut avec plus ou moins de fragilité, avec plus ou moins de force. Tout est question d’équilibre et du rapport émotionnel au monde.
Fanny Brancourt – Théâtre national de Chaillot Paris (Novembre 2010)
©Nicolas Joubard