The bitter end of Rosemary – Dada Masilo

Seule la folie vous entendrez

Agée d’à peine 25 ans, la chorégraphe et danseuse sud-africaine Dada Masilo, se produit pour la première fois en France. Formée à la Dance Factory de Johannesburg, Dada Masilo est une des nouvelles figures de la danse sud-africaine. Elle fut très remarquée lors de l’édition 2009 du Festival Dance Umbrella.

The bitter end of Rosemary est un solo abordant le thème de la folie à travers le personnage d’Ophélie dans Hamlet. Débarrassée de la religion, (elle jette une croix, seul apparat qu’il lui restait), Ophélie exulte sa folie. Elle s’adresse aux uns et aux autres. Leur affirme : «  I am not crazy ! ». Pourtant personne ne semble la croire, ou tout du moins l’écouter. Elle se heurte à sa famille, à la religion, à la société. Ophélie est nue. Elle ne lutte avec aucune arme si ce n’est sa chair, son corps.

C’est avec une grande physicalité que Dada Masilo interprète son Ophélie. Sa folie paraît tellement envahissante qu’elle ne trouve jamais le repos, si ce n’est à la fin au bord de l’eau. L’énergie avec laquelle Dada Masilo défend son personnage, est impressionnante. La rapidité d’exécution de ses gestes, et la technicité de sa danse, illustrent bien cette folie. Mais à mon sens la desservent aussi. Il n’y a jamais de suspension ou de pause qui peuvent indiquer cet état particulier qu’est la folie. Ces moments où le doute subsiste, est-ce moi qui suit folle ou eux ? Cette frontière ténue incroyable où l’on est dedans et dehors. La danse de Dada Masilo devient alors performative et nous éloigne du sujet. Peut-être est-ce là jeunesse qui s’exprime ?

La réussite de cette pièce relève, à mon sens, plus dans le choix de laisser Ophélie du début à la fin nue. Le corps nu, de la jeune sud-africaine, raconte tellement de choses face à tous ceux contre qui elle se bat et tente de se faire entendre. La nudité n’est dès lors pas un effet de style mais l’assurance du désoeuvrement le plus total dans lequel se trouve Ophélie.

Fanny Brancourt – Festival Anticodes (Mars 2011)

©John Hogg